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La PRIDE DANS LES MEDIAS

La Gay Pride : une lutte pour l'égalité des droits ancrée dans la société basque

par Goizeder TABERNA

Le journal du Pays Basque 16/06/2011

Ils vivent au Pays Basque, quoi de plus normal que de rechercher l'acceptation de la société basque ? Pour les organisateurs de la Gay Pride, le mouvement LGBT (lesbienne, gay, bisexuel, transsexuel) doit s'ancrer dans la réalité. C'est dans cet état d'esprit que Basco-sphère a organisé la Marche de la fierté de samedi prochain, à Biarritz (16 heures).

La réalité, c'est que «les garçons et les filles de notre mouvement vivent au Pays Basque et la question de l'identité doit être posée au sein de la société basque, si l'on veut faire avancer les choses», explique Beñat Gachen, le président de Basco-sphère, association créée en décembre 2010 ayant pris le relais de la LGP dans l'organisation de l'événement.

Identité sexuelle, identité culturelle, il faut pouvoir conjuguer les deux, et Basco-sphère n'attend pas la Gay Pride annuelle pour le faire. Tout au long de l'année, elle multiplie les échanges avec le Pays Basque Sud et cette activité devrait se refléter lors de la marche de Biarritz à travers la forte présence de l'association Gehitu de Gipuzkoa.

La Gay Pride ne se veut pas, cependant, un simple reflet de la communauté homosexuelle. Les organisateurs la voient comme une action citoyenne. «Nous appelons les partis, les syndicats et tous les acteurs sociaux à défendre l'égalité des droits», affirme B. Gachen pour cette marche «particulièrement politique» cette année.

Peser sur le débat électoral

Effectivement, la réalité, c'est aussi la proximité d'échéances électorales. Ainsi, les organisateurs comptent peser sur le débat des présidentielles et des législatives de 2012. En accord avec le mot d'ordre de la Coordination InterPride France, le cortège se lancera dans les rues de Biarritz derrière le slogan : «2011, nous marchons pour l'égalité. 2012, nous voterons !».

«On appelle les gens à se mobiliser avant les élections, pendant, mais aussi après», car le changement à la tête du gouvernement ne va pas forcément régler le problème de l'égalité des droits, d'après Beñat Gachen. Au-delà du simple slogan, ce message fait partie d'une campagne plus large comportant plusieurs phases.

Une plate-forme commune de revendications en matière d'égalité des droits a vu le jour, évoquant la discrimination, le Pacs, le mariage, l'adoption et l'homoparentalité. La première étape de la campagne a consisté à les présenter aux députés basques.

Sur les trois députés, seul Jean Lassalle (MoDem) a donné sa position, s'exprimant en faveur de «l'union» des couples homosexuels et de l'homoparentalité. Cependant, il s'est abstenu à l'Assemblée nationale, lors du vote sur la proposition de loi visant à ouvrir le mariage aux couples de même sexe. Finalement, la loi a été rejetée mardi par 293 voix contre 222. Muets face aux sollicitations de l'association, Jean Grenet et Michèle Alliot-Marie (UMP) ont voté contre le texte.

A l'occasion de la marche de cette année, Basco-sphère invitera tous les participants à signer une lettre ouverte demandant aux parlementaires et partis de prendre position. Après la marche de samedi, la troisième étape sera celle d'une table ronde, prévue en automne, avec les acteurs locaux sur «les questions LGBT». Une autre façon d'ancrer le débat dans la société basque.

Les revendications se mêlent à la fête

Les revendications politiques n’effaceront pas le côté festif de la manifestation, samedi. Le village associatif sera ouvert dès 12 heures sur l’esplanade du phare de Biarritz où se déroulera le pique-nique. La marche déferlera dans les rues de la ville à partir de 16 heures et sera suivie d’un apéritif rue Gambetta dès 19 heures. La fête se poursuivra ensuite à partir de 2 heures à la discothèque Ibiza.

L’organisatrice, Basco-sphère, a coutume de mêler la fête à la revendication. Issue de l’association Les Bascobaroudeurs, elle développe son action en faveur de l’égalité des droits pour les LGBT et propose des activités de tous types, essentiellement ancrées dans le territoire basque. Visites guidées de villes en compagnie d’autochtones, sorties en cidrerie ou carnaval, les actions de Basco-sphère sont multiples, mais la structure voudrait passer à la vitesse supérieure : trouver des locaux, s’installer, ouvrir des permanences… Les responsables de l’association observent avec intérêt le chemin parcouru par les “grandes sœurs” du Pays Basque Sud. Ils voudraient en faire autant pour répondre à la demande.

2.jpgDans le cortège, de nombreux jeunes ont marché pour l'égalité des droits. photo bertrand lapègue © Crédit photo : Lapegue Bertrand

Des gays très déterminés

Par Séverine sannom
Sud Ouest le 19/06/2011

Plus de 300 personnes ont manifesté hier, par leur participation à la Marche des fiertés, la nécessité de se battre, encore aujourd’hui, pour faire exister l’égalité des droits.

Une batucada, suivie de près par des porteurs de drapeaux géants aux couleurs arc-en-ciel, ouvrait le cortège de la gay pride, hier après-midi, à Biarritz. Quelques jours après le rejet de la proposition de loi socialiste sur le mariage homosexuel, cette Marche des fiertés a pris un sens particulier. Pour Dominique, 45 ans, cette manifestation a toujours été politique. « Mais, comme le dit le mot d’ordre national, en 2011, nous marchons pour l’égalité. En 2012, nous voterons ! » précise-t-il, dégoûté par les lobbies qui, selon lui, ont forcé les politiques à refuser l’adoption du projet.

Devant un char sur lequel deux danseurs déguisés se dandinent, d’importants groupes constitués de jeunes affichent leurs préférences. Jaëlle et Carla, deux Bordelaises de 17 ans, n’ont jamais eu de problème avec leur homosexualité, leurs parents respectifs étant très ouverts. Mais si elles sont dans le cortège, c’est parce qu’elles restent persuadées que l’homophobie est encore trop répandue. Tout comme Audrey, une Angloye de 18 ans que son ancien petit ami a quittée après avoir appris qu’elle était bisexuelle. Myriam, quant à elle, raconte devoir cacher, à 38 ans, son penchant pour les femmes, car les hommes avec qui elle travaille sont « des machos ». « Quand ils voient une femme qui n’est pas féminine ou qui a les cheveux courts, ils s’empressent de dire : ''Regarde, cette gouine !'' » déplore-t-elle.

À la vue des innombrables jeunes, Bernard Gachen, président de l’association organisatrice Basco-sphère/Euskal esfera, demeure, quant à lui, optimiste : « Ils sont mobilisés pour prendre la relève. Et ça veut dire qu’avec eux, le combat continue ! »

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